Samah Ibrahim, le badminton, de la Syrie à Longjumeau

II émane de Samah Ibrahim une infinie douceur, quelque chose de chaleureux. Sa silhouette athlétique toute en longueur et en finesse se déploie avec aisance dans le gymnase Courtand tandis qu’il installe les filets pour le cours du jour. Le sport, c’est toute sa vie. Enfant, il s’essaie d’abord au volley-ball, avant de bifurquer sur l’athlétisme, mais ce qui va changer sa vie c’est le badminton. Originaire de Syrie, il débute sa carrière en tant que joueur de haut niveau dans l’équipe nationale. Au fil des championnats, il traverse de nombreux pays : le Maroc, Chypre, le Liban, l’Égypte, l’Iran, la Thaïlande… Mais les carrières de champions ne sont jamais très longues et à 27 ans, il arrête la compétition et devient entraîneur. Il mènera l’équipe de Syrie à la victoire de nombreuses fois, avant de partir entraîner celle de Jordanie et de la placer sur le devant du podium à de multiples reprises. En 2015, sa famille, restée en Syrie, est contrainte de quitter le pays, où la guerre civile fait rage depuis déjà 4 ans. Il les rejoint en France, à Poitiers, deux ans plus tard.

Pour franchir la barrière de la langue et s’intégrer, il s’entraîne, prend des cours et devient bénévole pour l’association Saint-Vincent de Paul. En 2018, le hasard mène la famille Ibrahim à Bretigny-sur-Orge. Aujourd’hui, plus à l’aise avec la langue française, il est en cours de formation pour décrocher son Certificat de Qualification Professionnelle et pouvoir de nouveau enseigner sa discipline. Pour son stage, il entraîne les joueurs de l’Association Longjumelloise de Badminton : “Ça m’a beaucoup manqué, c’est dans mon sang, je fais ça depuis 40 ans… J’aime voir les joueurs progresser, aller parfois jusqu’en championnat. Au club, tout se passe très bien, les gens sont très gentils, ça fait plaisir de reprendre les entraînements.” Et ce plaisir est largement partagé par le club. Pour Dimitri Porquet, son directeur de stage, “C’est une chance d’avoir Samah au club, une vraie aventure humaine.”