Jacques Abecassis, un combattant
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Le 18 juin 1940, le Général de Gaulle prononce son premier discours sur les ondes de la radio britannique, la BBC. Il demande aux français de s’unir pour libérer la France des allemands : “Quoi qu’il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas”, assène-t-il notamment. Jacques Abecassis a 14 ans quand il l’entend à la radio, depuis Rabat où il est né et vit avec sa famille : “Cela m’a touché, marqué profondément. Nous vivions au Maroc, mais nous étions français. On venait en France régulièrement. J’aimais beaucoup nos séjours. Quand mes parents allaient en cure à Vichy nous allions voir des opérettes le soir. Nous avions de la famille à Grenoble. Mon père était fonctionnaire et ma mère institutrice”, se souvient-il. Une fois ses 18 ans révolus, il s’engage auprès de la colonne Leclerc qui stationne au Maroc, récemment renommée 2e DB (Division Blindée).
Tranquillement assis sur son canapé, il raconte ses souvenirs par bribes : “Je suis parti de Casablanca en bateau, il y avait des bateaux à perte de vue… On a navigué 15 jours. J’avais le mal de mer, c’était terrible. Quand on est arrivés en Angleterre, nous y sommes restés quelques mois“. Puis ils reprennent la mer, en direction des côtes françaises cette fois : “Quand on a aperçu la terre au loin, la France, ça nous a remués…” Le 6 juin 1944, les hommes de la 2e DB posent les pieds sur le sol Normand : c’est le débarquement : Jacques Abecassis, alors tout jeune, n’en revient pas : “Ce qui m’a marqué, sur les côtes Normandes, c’est le premier bombardement. J’avais la trouille, totalement aplati sur le sol, de la terre dans la bouche… Et puis ensuite, on s’habitue, au bruit des bombes comme au reste, on ne fait plus attention…”
Les troupes prennent ensuite la direction de l’Ile-de-France : “Je me souviens, quand on est arrivés à Longjumeau, il y avait des champs, peu de constructions, on a avancé dans le centre-ville, non loin de l’église. Une jeune femme est venue m’embrasser sur les deux joues, je me souviens de son regard, elle avait des yeux bleus très clairs. Je revois encore le Général Leclerc, attablé dans un café, en train de dessiner les plans de la suite de notre progression vers Paris. C’était un grand stratège”, se remémore-t-il avec émotion. “Ensuite, nous avons poursuivi vers Paris. Il y avait des femmes avec nous, les ambulancières, elles nous ont suivi jusqu’en Allemagne. À notre arrivée dans la capitale, nous avons reçu un accueil extraordinaire. Quelques jours plus tard, j’ai assisté au défilé du Général de Gaulle, la ville était en fête.”
Quelques années après, marqué par la libération de Longjumeau, il y achète une maison. Il déménagera ensuite, pour Chilly-Mazarin, où il s’est éteint le 8 juin dernier, à l’âge de 99 ans. Cet homme remarquable, véritable héros, nous laisse un héritage de bravoure et de dévouement. Son engagement lors de la Libération de Paris et de Longjumeau restera à jamais gravé dans nos mémoires. Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille et ses proches.