
Les Longjumelloises : retour de femmes
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Jessica Marie-Sainte, femme active et mère de famille nombreuse
Jessica Marie-Sainte a reçu la médaille de la Ville pour avoir sauvé la vie d’un jeune Longjumellois lors du Festiv’all au printemps dernier. Quand Prince, ami de son fils, fait un malaise, elle n‘hésite pas une seconde et réalise les gestes de premiers secours, aidée de deux autres Longjumelloises. À quarante ans, cette femme lumineuse et pomponnée mène de front sa vie professionnelle et élève seule ses sept enfants. Jessica est une battante, depuis toujours : “J’ai grandi dans un quartier difficile, il fallait s’imposer face aux garçons qui pensaient que les filles devaient rester à la maison”. Quand sa mère part vivre en Martinique avec ses frères et sœurs, elle décide de rester. BEP mention très bien en poche, elle décroche un CDI d’animatrice et, à 19 ans, devient autonome.
Cinq ans après, elle doit partir s’occuper de sa mère malade, mais quitte l’ile aux fleurs un an plus tard, faute de s’acclimater et de trouver du travail. Retour en région parisienne où sa famille s’agrandit peu à peu. Elle passe le permis de conduire grâce au Pôle Emploi, jongle entre le travail et les enfants : “C’était difficile mais j’ai toujours su rebondir. J’avais des places en crèches, je pouvais travailler. J’ai voulu tous mes enfants. Ils sont ma plus grande fierté, ils sont sages, polis. J’ai fait du bon travail de maman et ils me donnent une force immense.” Pour leur offrir une vie meilleure, Jessica entame aujourd’hui une reconversion professionnelle pour ouvrir son salon de coiffure-manucure et maquillage : “Mes enfants sont très fiers. Je le fais pour moi et pour leur montrer que même seule, avec des difficultés, on peut s’en sortir”. Pour elle, le 8 mars, permet de valoriser les femmes qui sont un pilier de la société.
Son conseil aux autres femmes : “Il faut avoir de l’ambition, du courage, se dire qu’on va y arriver, malgré les difficultés, les baisses de moral. Il ne faut jamais baisser les bras.”
Audrey Caussignac, élue au conseil municipal
À 20 ans, Audrey Caussignac vient d’être nommée conseillère municipale de la liste Ensemble pour Longjumeau : “J’ai participé à la campagne de Sandrine Gelot il y a deux ans, ça m’a plu. J’ai adoré le contact avec les gens, l’échange de points de vue. J’aime l’idée de participer à la mise en place de nouveaux projets pour la ville. Donc quand une place s’est libérée suite au désistement d’un élu, j’ai tout de suite accepté.” BTS support en action managériale en poche, Audrey Caussignac travaille dans la vente tout en peaufinant son plan de carrière. Sportive, la jeune femme ne se voit pas passer sa vie enfermée, ni dans un bureau, ni dans un magasin : “Je souhaite intégrer les sapeurs-pompiers volontaires de Longjumeau pour savoir si le métier me plait vraiment avant de passer les concours. J’ai toujours aimé les métiers de terrain, l’idée de sauver des vies, d’être utile, de venir en aide”.
Et dans son entourage, on l’encourage ; pas question pour ses proches de lui mettre des barrières. Le sexisme, elle n’y a jamais été confrontée. Et quand on lui parle de “métiers d’hommes”, ses yeux s’arrondissent et son débit de parole s’accélère : “Pour moi, pompier, ce n’est pas forcément un métier d’homme, pas plus que le foot n’est un sport de garçon. Tout ça m’agace, une femme peut être beaucoup plus sportive qu’un homme. Je ne comprends pas cette façon de penser !” Pour Audrey, le 8 mars est donc une date importante : “La situation des femmes s’est améliorée mais il reste des progrès à faire. Cette journée peut aider à changer les mentalités.”
Son conseil aux autres femmes : « Faites ce que vous avez envie de faire ! »
Marie-André Le Saôut, ingénieure à la retraite
À 82 ans, teint de jeune fille et regard vert vif, Marie Andrée Le Saoût est la présidente de l’association l’Âge d’or de Longjumeau. Issue d’une famille Bretonne plutôt ouverte, où les femmes ont le droit de faire des études et de travailler, elle entre à l’école supérieure d’électronique de l’ouest en 1959 : “Ma promotion comptait 9 filles pour 41 garçons. Quand mon père a su que l’école était mixte, il était fâché”, se souvient- elle. Mais les filles ne peuvent pas poursuivre jusqu’en 4e année et obtenir le titre d’ingénieur, réservé aux garçons. Elle l’obtiendra par la suite, une fois rentrée chez Thomson, en région parisienne : “J’aurais voulu travailler en Bretagne mais en tant que femme je ne trouvais pas d’emploi. Je suis partie à Paris, où vivait mon oncle, pour trouver du travail.” Là-bas, elle gère toute la documentation technique. Elle n’a pas le droit de porter de pantalons, ni de queue de cheval, considérée comme vulgaire, et les promotions sont réservées aux hommes : “En fin de carrière, mon collègue, qui faisait exactement le même travail, était payé 33 % de plus que moi !”
De son mariage naîtront trois enfants : “J’ai tout de même été très en colère le jour où, à la sécurité sociale, on m’a dit que je n’avais pas le droit de signer les papiers pour eux, qu’il fallait que ce soit mon mari !” Elle mène de front sa carrière, se charge du foyer familial et, en 1983, occupe son premier mandat d’adjointe au Maire de Longjumeau : “On m’a donné les affaires sociales parce que j’étais une femme, pourtant l’urbanisme m’aurait plu…” Pour elle, le 8 mars est l’occasion de saluer les combats féministes : “On a fait du progrès grâce aux femmes, elles se sont vraiment investies ! Quand aujourd’hui encore je vois écrit « La déclaration des droits de l’homme », ça me choque, ça devrait être de l’être humain !”
Son conseil aux autres femmes : « Il n’y a pas de différence entre être un homme ou une femme, il faut faire selon son cœur, ne pas se décourager et aimer les autres »
Catherine Restif, professeur d’électrotechnique
Cheveux coupés court, tournevis en poche et blouse sur le dos, Catherine Restif est professeur d’électrotechnique au lycée Jean Perrin depuis 1992. Elle ne se voyait pas passer sa vie dans un bureau alors elle a choisi la filière technique, BEP electrotechnique, bac professionnel maintenance des systèmes mécaniques automatisés puis BTS Mécanismes et automatismes industriels réalisé en apprentissage : “J’étais la seule fille dans mes classes. Ça s’est très bien passé, j’ai toujours été bien intégrée. Electrotech, c’est l’électricité de l’habitat, des bureaux, les réseaux de communication, les alarmes, mais aussi tout ce qui concerne la distribution d’énergie, les systèmes automatisés type tapis roulants, escalators… C’est très diversifié, c’est ça que j’aime, on est polyvalents.” Pour transmettre l’amour de son domaine, elle a choisi l’enseignement : “C’est bien de transmettre ses connaissances, de voir des jeunes parfois en difficulté progresser, obtenir un diplôme.”
Quand elle traverse les immenses salles avec les installations de domotique, les reproductions de systèmes électriques, elle en parle avec passion. Ce lycée c’est un peu chez elle. Dans toute l’académie, elles ne sont que 4 ou 5 femmes à enseigner cette matière, et très peu de filles choisissent ce type de filière. Pourtant, ce cursus technique offre de nombreux débouchés, et pas seulement sur des chantiers : “Le domaine est assez diversifié pour trouver quelque chose d’attractif. On peut travailler en bureau d’études par la suite, concevoir des installations sur ordinateur, enseigner…” Pour elle, le 8 mars est une date comme les autres. Les inégalités hommes-femmes, elle ne les ressent pas dans son quotidien.
Son conseil aux autres femmes : « Ce n’est pas parce qu’un métier est considéré comme masculin qu’on ne peut pas y arriver en tant que femme ! »
Aurore, agent de police municipale
Silhouette sportive dans son uniforme bleu, yeux noisette soulignés de noir, Aurore est une quarantenaire pétillante. Elle a toujours voulu exercer un métier de service. Elle débute dans le secteur de la petite enfance, en crèche. Très vite elle se rend compte que ce n’est pas fait pour elle. Il lui faut un métier qui bouge, elle opte donc pour la police nationale : “Dès la formation à l’école, j’ai aimé mon futur métier. Le contact avec le public, ne pas avoir de routine, renseigner, être auprès de la population, me rendre utile.” Adjointe de sécurité pendant un an, elle décide ensuite de passer les concours de la police municipale, où les emplois du temps sont plus adaptés à la vie de famille. Son métier, elle l’adore, même si elle a dû s’affirmer : “J’ai dû affronter quelques moqueries en tant que femme au départ, mais il ne faut pas se démonter, avoir de la repartie, et finalement cela se passe très bien.”
Après avoir mis sa carrière de côté pendant quelques années pour s’occuper à plein temps de ses quatre enfants, elle est aujourd’hui épanouie dans son poste en équipe du matin : “C’est beaucoup plus une police de proximité : on patrouille en ville, on renseigne les gens… Ça me convient très bien. Il peut y avoir des interventions plus délicates, des vols avec violence, des accidents de la route, des différends familiaux… on ne sait jamais ce qui nous attend, mais c’est plus rare qu’en équipe de nuit.” Dans la famille, ce métier est parfois source d’inquiétude, d’autant plus qu’elle n’est pas la seule à l’exercer : “On se dit bonjour le matin mais on n’est jamais sûr de se revoir le soir, c’est parfois difficile. On sait que notre uniforme fait de nous des cibles.” Pour elle, le 8 mars est une journée qui compte : “C’est important de donner la parole aux femmes. Beaucoup de gens pensent encore que certains métiers sont réservés aux hommes, comme le mien. Alors que non, la présence des femmes dans la police crée une homogénéité, un équilibre, et sur certaines interventions c’est important.”
Son conseil aux autres femmes : « Restez vous-même. Quand on a un but ou une envie, il faut y aller sans se poser de questions et ne jamais se laisser intimider ! »
Margaux Gryson, médecin généraliste
Depuis novembre dernier, Margaux Gryson, médecin généraliste, a rejoint le cabinet médical des Cerisiers. La médecine est une affaire de famille chez les Gryson et son père exerce dans le même cabinet : “J’ai toujours voulu être médecin. J’imagine que voir mon père épanoui dans son métier m’a donné envie inconsciemment.” Pour ses trois années d’internat, elle a choisi de passer deux ans à l’hôpital, au service pédiatrique et aux urgences, puis un an dans plusieurs cabinets médicaux en médecine générale : “Exercer en tant que médecin généraliste me permet de suivre mes patients tout au long de leur vie. J’ai pris comme spécialités gynécologie et pédiatrie, je peux accompagner les femmes dans leur projet de maternité, suivre leur grossesse, puis leurs enfants. C’est une relation très privilégiée.”
En plus du contact avec les patients, de la grande diversification des activités, l’ambiance de la maison médicale, qui regroupe plusieurs praticiens et permet donc de travailler en équipe plaît aussi à la jeune femme. Si elle se souvient que durant son internat à l’hôpital, les patients avaient tendance, au premier abord, à penser qu’une femme jeune ne pouvait pas être le médecin, elle note une féminisation du métier ces dix dernières années, notamment en médecine générale où parfois 70 % de la promotion est constituée de femmes. Si pour elle le 8 mars n’est pas gravé dans son calendrier, c’est tout de même une date importante : “C’est bien de sensibiliser la population, il y a encore des inégalités même si les choses avancent petit à petit .”
Son conseil aux autres femmes : « Il ne faut pas hésiter en tant que femme à suivre des carrières scientifiques. En médecine, statistiquement, les femmes réussissent mieux leur première année. Et c’est vraiment un très beau métier. »
Shirine Boukli, sportive de haut niveau
À 23 ans, Shirine Boukli, du club Flam 91, est une étoile montante du judo français et cumule déjà les titres de championne de France mais aussi d’Europe, parmi bien d’autres victoires. Dans la famille Boukli, le judo est une tradition. Elle enfile son premier kimono à l’âge de 4 ans et fait ses armes dans le club de son oncle, dans le Gard : “J’ai avancé au fur et à mesure, sans savoir où ça allait me mener. C’est une passion, j’aime le dépassement de soi, le travail, la rigueur, cet esprit de combat, de pouvoir partir de rien et aller loin.” Pendant longtemps, elle était l’une des seules filles, mais le judo a évolué et aujourd’hui les femmes sont de plus en plus présentes dans les clubs. Consciente qu’une carrière de sportive de haut niveau ne dure qu’un temps, Shirine poursuit ses études. Après un bac scientifique, elle a validé sa 2e année de licence en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) et s’apprête à se réorienter vers un bachelor de commerce. La jeune femme est également membre de la Marine Nationale depuis un peu plus d’un an et championne du monde militaire dans sa catégorie, les moins de 48 kilos.
Shirine est un “petit format”, et loin d’être un handicap, c’est une force : “Dans cette catégorie, on pratique un judo léger, en vitesse, j’aime beaucoup !” L’athlète est également marraine du service pédiatrique de l’hôpital de Longjumeau, depuis sa rencontre sur place avec un petit garçon très courageux qui l’a beaucoup émue. Pour elle, le 8 mars est une journée indispensable, notamment pour sensibiliser les jeunes femmes aux problèmes d’inégalités : “C’est beau de mettre en avant les femmes à cette occasion. Dans le domaine sportif par exemple, il y a beaucoup de grandes championnes que le public ne connait pas. Pour le judo, si on interroge des passants dans la rue, la plupart savent qui est Teddy Riner, mais très peu connaissent Clarisse Agbégnénou malgré son palmarès plus qu’impressionnant.”
Son conseil aux autres femmes : « Il faut toujours croire en soi, personne ne le fera à notre place. Il faut se donner des objectifs et avancer étape par étape ».
Fanny Rives, fermière et animatrice au P’tit brin d’paille
Pieds chaussés de bottes, vêtements maculés de boue, à 24 ans Fanny Rives travaille à la Ferme pédagogique de Ptit brin de paille. Après un DUT “techniques de commercialisation” et une licence professionnelle en communication, elle se destinait à la carrière de cheffe de projet évènementiel. Mais après de longues journées de stage coincée derrière un bureau, la dynamique jeune femme se rend compte que ce choix n’est pas le bon : “Je suis revenue à mon rêve d’enfant, les animaux. Avec eux on ne s’ennuie jamais, il se passe toujours quelque chose. J’ai eu de la chance que le responsable de la ferme m’embauche malgré mon manque d’expérience.” Passant avec aisance de l’enclos des chevreaux à celui des cochons, la jeune femme s’épanouie dans cet univers : “Être dans la boue, parfois le froid, sous la pluie, j’ai dû m’habituer. L’hiver on cure les enclos, on répare les barrières, on creuse les rigoles et les tranchées pour évacuer l’eau. J’ai appris sur le tas avec tous les membres de l’équipe. Je ne retournerai dans un bureau pour rien au monde.”
Au-delà de toutes les tâches manuelles et des soins aux animaux, la ferme pédagogique accueille aussi du public et cette partie aussi plait également beaucoup à Fanny : “Nous recevons des groupes scolaires, mais aussi des personnes handicapées, des familles, avec lesquels on fait différentes activités en plus de la rencontre avec les animaux : traire les chèvres, faire du beurre ou du fromage, laver et tisser la laine des moutons…” Pour elle, le 8 mars ne devrait pas exister : “Je trouve cela triste qu’on doive avoir une journée des droits des femmes alors que ça devrait être quelque chose de naturel. On est en 2022 et pourtant il y a encore de grandes inégalités.”
Son conseil aux autres femmes : « Être une femme est une force, il ne faut jamais se laisser marcher sur les pieds. Peu importe le jugement des gens, les stéréotypes ! »